DÉCOLONISER LE DANCEFLOOR
Hahalles
Habibitch
Un peu comme mes activités socio-professionnelles (disons) : danseuse et conférencière.
Rien ne va ensemble -en tout cas pas chez nous en France-, mais comme j’aime le challenge, et que l’entièreté de ma vie peut se résumer au fait de rassembler des choses qui ne vont pas ensemble alors voilà cette conférence-dansée, résultat de plus de quinze ans d’activisme, de clubbing, de réflexions, d’entraînements de danse, d’écritures, d’inspirations de mes lectures et de mon existence. Tout ça pour essayer de tirer la substantifique moelle de cette dernière. Ce qu’on appelle de l’auto-théorie, comme je l’ai appris il n’y a pas longtemps : je pars de ma vie - trépidante, de l’Algérie au Puy du Fou, des squats anar’ à deux ans de tournée mondiale avec Sam Smith en tant que danseuse, en passant par Sciences-Po et les défilés de mode-, pour produire du savoir socio-politico-historique.
Ce qui rend intéressant cette conférence, enfin je crois, notamment en termes de légitimité, c’est que je fais partie intégrante de tous les mondes dont je parle. M’inscrivant ainsi dans la praxis du positionnement situé, si chère au courant féministe auquel je m’identifie, le féminisme intersectionnel qui requiert la production de savoir par les personnes concernées par ce dernier.Un peu en opposition à la sociologie mainstream et sa passiooooooon pour l’étude des pauvres, des racisé.e.s et des femmes, de toustes les marginalisé.e.s en fait, sans vraiment questionner QUI en parle… reproduisant ainsi un savoir dominant. Alors que le savoir que moi je produis, déjà je le veux drôle, parce que bon la vie c’est assez chiant comme ça et que oui j’aurais pu écrire tout un bouquin en langage académique judith butleresque mais bon on s’emmerde faut le dire honnêtement à un moment, et surtout : c’est pas accessible. Ce qui va à l’inverse même de tous les principes et concepts défendus par les théories et pratiques desquelles je me place en héritière, alors flemme de pérenniser l’entre-soi bourgeois.
Donc je fais de l’accessibilité en naviguant des concepts qui existent déjà ; je n’invente rien, par contre je rebats les cartes du jeu.
Pour que tout le monde en comprenne les règles.
Pour que tout le monde puisse entamer le chemin de ce qui, au fond, m’intéresse vraiment : devenir des meilleures personnes.
Et pas dans le status quo que les politiques de l’identité tendent tristement à devenir ces dernières années, mais plutôt par l’action, la mise en mouvement. Ce qui fait d’ailleurs beaucoup de sens avec ma vie étant donné que je suis danseuse– on adore les micro-épiphanies.